La Jeune Fille à la perle

Qui est cet homme, que me veut-il ? se demande
la Jeune Fille aux prunelles sombres et ardentes qui
transpercent nos cœurs de leur interrogation inquiète.
Que diable cherche-t-il et dans quel but fait-il
peser sur moi son lourd regard de peintre ?

Chez Vermeer, plus la scène est banale, plus
elle recèle de profondeur. Plus elle semble paisible
et plus son silence occulte un hurlement secret.

La Tapisserie de Bayeux

C'est l'été, il fait chaud au pied du château,
et la jolie lavandière de Falaise a délacé son corsage.
Robert 1er de Normandie est foudroyé par le désir.
De leur amour illégitime naîtra un petit "bâtard"
qui mettra sur sa tête la couronne d'Angleterre.

Claudel et Rodin

Camille Claudel et Auguste Rodin auront vécu une passion
orageuse mais stimulante. Chacun des deux sculpteurs
inspira en effet à l’autre ses œuvres les plus lyriques.

Peindre sa femme et lui faire l'amour

« Si ce monde dissous n'était pas sans cesse parcouru par les mouvements convulsifs des êtres qui se cherchent l'un l'autre, l'existence humaine n’y serait présente qu’à l'état de souvenir. La merveille aveuglante qu’un être possède au fond de lui ne peut plus être rencontrée que sur un lit. Dans le vide mental presque illimité, les chambres demeurent autant d'îlots où les figures de la vie se recomposent. » Georges Bataille (1897-1962)

L'Origine du monde

Au milieu des années 1860, Gustave Courbet est
un artiste sûr de lui, qui a réussi à faire admettre au
public tant son originalité que ses opinions politiques.
C’est alors que son ami et disciple le peintre James
Abbott McNeill Whistler, qui inspirera le personnage
d’Elstir à Proust, a la mauvaise idée de lui présenter
sa maîtresse, la flamboyante Joanna Hiffernan…

Mon seul désir

En 1841, l'écrivain George Sand convainc son ex-amant
Prosper Mérimée de la rejoindre au château de Boussac,
où il confirme sa découverte d'une série de tapisseries
médiévales absolument exceptionnelles...

Les Ambassadeurs

Vanitas vanitatis et omnia vanitas...

C'est au XVIIe siècle que les « vanités » sont apparues
dans la peinture, le plus souvent sous la forme d’un crâne
humain opposé à d’autres objets symbolisant le savoir,
le pouvoir ou la fortune. Cette confrontation était censée
nous rappeler que, puissants ou misérables, le sort qui nous
attend est le même, et qu’il est vain de nier la fragilité de
la vie et la futilité des plaisirs terrestres. Dans le tableau
Les Ambassadeurs de Hans Holbein le Jeune, un objet
échappe à toute classification... Jusqu'au XXe siècle,
on se demandera ce que peut bien être cette forme bizarre
aux pieds des personnages, qui sera même baptisée
« l'os de seiche ». Il faudra l'intuition d'un historien d'art,
Jurgis Baltrusaitis, qui fut l'élève de Henri Focillon,
pour découvrir qu'il s'agit en fait d'une anamorphose...

Antea / La Vierge au long cou

La Jeune Femme au renard, baptisée hâtivement Antea,
est l'un des plus beaux portraits de l'histoire de la peinture.
Mais on ne sait toujours pas qui a posé pour Parmigianino.
Quelques années plus tard, il peindra La Vierge au long cou,
son tableau le plus connu, qu'il laissera inachevé à sa mort,
et où il replacera le visage d'Antea au milieu des anges...

Giotto di Bondone

Sur la pile d'un pont à Vespignano, près de Florence,
se dresse une pierre commémorative qui rappelle
la rencontre entre le peintre Cimabue et le berger Giotto,
une rencontre qui a changé toute l’histoire de l’art.
C'est dans l'atelier de Cimabue que Giotto devint
le premier des peintres modernes, le premier de
ces peintres humanistes qui placèrent l'homme au
centre de l'univers et le rendirent maître de son destin.
Sa gloire fut sans pareille, mais jamais Giotto n'oublia
ses origines paysannes. Et c'est bien sa connaissance
du monde animal et végétal qui permit à l'immense
artiste toscan de révolutionner l'art pictural.

Narcisse à la source

La Renaissance a bouleversé le rôle des arts dans la société.
Produite par un regard pour un regard, l'œuvre d'art est maintenant
identifiée à l'homme son créateur, le miroir a remplacé l'ombre.
C'est la naissance de l'artiste narcissique, il fête ses six siècles.
Aujourd'hui en effet, l'art contemporain se conçoit toujours
dans cette relation narcissique de soi... à soi.

La Naissance de Vénus

Simonetta Vespucci, la bella Simonetta,
n'a que 23 ans quand elle meurt de la phtisie.
Botticelli n'a pu faire d'elle que des croquis.
Mais, pendant les 34 ans qui lui restent à vivre,
il ne va cesser de peindre la bella Simonetta.
Lui, Sandro Botticelli, l'artiste homosexuel,
auquel une très jeune femme a inspiré
quelques uns des plus beaux tableaux
de toute la Renaissance italienne...

L'Extase de sainte Thérèse

L’art baroque est la parfaite imbrication
du sentiment religieux et de la sensibilité esthétique.
Avec son chef-d'œuvre L’Extase de sainte Thérèse,
Le Bernin donne à voir l’essence même du baroque :
aucune révélation n’épuise le mystère de l’Être.
Cette évidence foudroie quelques rares élus.
Il revient alors aux artistes de tenter de matérialiser
sa présence pour la rendre visible au plus grand nombre.
La sculpture du Bernin est une représentation canonique
mais aussi érotique, orgastique, de cette présence.

Le Martyre de saint Sébastien

Extatiques, goguenards sous la flèche ou jouisseurs,
les saints Sébastien ne sont jamais plus érotiques
que lorsqu'ils s'offrent totalement au regard.
Les deux mains ligotées à l’arbre du martyre
et le flanc criblé de traits, ils donnent à
leurs persécuteurs plus que ce qu'ils désirent,
plus de sensualité, plus de chair, plus de nudité,
plus de féminité et/ou de virilité,
une exposition maximale d’eux-mêmes
jusqu’à rendre ces persécuteurs fous du désir
d’anéantir ce corps qui les rend fous de désir.
Ce que les bourreaux désirent souiller et détruire,
saint Sébastien le leur cède sans hésiter.
Ainsi se place-t-il définitivement hors de leur portée,
contraignant les spectateurs que nous sommes
à nous retirer sans un bruit avec lui.